Galerie d'amenée d'eau entre le barrage de Grosbois et la centrale hydroélectrique de Liebvillers (25)

textes et photographies par Philippe Vergon

En passant devant la centrale hydro-électrique de Liebvillers, le long de la départementale D437, vers la Cité du Maroc, qui n'est pas intrigué par ces quatre gros tuyaux sortant du talus : ce sont les conduites d'amenée d'eau à la centrale. Mais d'où provient cette eau ?
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Au dessus de la D437, sous l'ancienne voie ferrée

La prise d'eau est effectuée au barrage de Grosbois établi en amont de Soulce-Cernay et coule par un canal souterrain artificiel de plus de 6 km.

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Le barrage de Grosbois avec son échelle à poissons

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Reportage galerie sur carte OSM (Open Source Map)

 Historique

La centrale hydro

électrique de Liebvillers a été bâtie de 1924 à 1927 par la Société anonyme des Forges et Visseries de Saint-Hippolyte, pendant le creusement de la galerie. La promulgation de la loi du 16 octobre 1919, réglementant l'utilisation de l'énergie hydraulique, permet d

'envisager l'établissement d'un barrage à Grosbois (Soulce-Cernay) alimentant, par une galerie souterraine, une centrale à construire juste en aval du Moulin Artus (Liebvillers).

Le barrage de Grosbois relèvera le plan d'eau de 11 m, constituant une réserve utile de 1,5 millions m3 d'eau environ.

Projet : l'eau sera amenée jusqu'à 150 m en aval du Moulin Artus par un canal souterrain creusé rive droite : 6 224 m de long, 12 fenêtres de visite, profil ovoïde, section d'environ 15 m2, pente de 0,82 m au km, débit de 30 m3. Le canal aboutira à une « chambre de mise en charge genre château d'eau » : un cylindre en béton de 10 m de diamètre intérieur et 14 m de hauteur. De là, trois conduites forcées métalliques, de 2,30 m de diamètre, alimenteront les trois groupes générateurs de la centrale (9 984 ch), exploitant une hauteur de chute finale d'environ 37,50 m.

Le projet est déclaré d'utilité publique et la concession accordée par le décret présidentiel du 5 avril 1923, les travaux préparatoires débutaient. L'attaque du creusement se faisait par huit fenêtres qui, au 1er août 1923, arrivaient au contact du souterrain prévu. 300 jours ouvrables plus tard, le 1er août 1924, la galerie d'avancement était terminée. Et encore un an plus tard, la galerie était à sa section définitive sur une longueur de 5600 m. Les 400 derniers mètres dans les marnes du Lias, ne devaient être ouverts d'immédiatement devant la maçonnerie qui avait commencé en juin 1925. En mars 1927, le revêtement, les injections et l'enduit de l'ensemble étaient terminés ! Le récolement peut avoir lieu dès le 30 juin 1927.

La pente du souterrain est de 1m / km sur les cinq premiers kilomètres depuis le barrage et 3,5 m pendant le dernier.

 Bilan des fournitures : 130 tonnes de dynamite, 300.000 sacs de ciment (à l'époque chaque sac pesait 50kg), sans compter le sable et les graviers pour fabriquer le béton.

Dans le secteur de la fenêtre d'accès sous Grosse Roche, on remarque des haldes, indiquant les énormes déblais évacués.

La réalisation : canalisation souterraine rive droite ayant 17,10 m2 de section et 8 fenêtres de visite (dont 3 conservées). Cheminée d'équilibre avec deux galeries d'expansion (évitant la construction d'un canal de décharge), 4 conduites forcées en tôles rivées (2 m de diamètre et 90 m de long) passant sous la voie ferrée Montbéliard (Voujeaucourt) - Saint-Hippolyte (en service de 1886 à 1969) puis sous la route départementale n° 437, 4 groupes générateurs (associant chacun une turbine Francis à axe vertical, d'environ 3 800 ch, et un alternateur de 3 000 kVA avec excitatrice), un groupe convertisseur d'excitation de secours (moteur triphasé de 55 ch et génératrice continue);

La dérivation a été construite pour un débit maximum de 40 m3/s au lieu de 30 m3/s d'où une puissance maximum brute de 16 630 kW (soit, en tenant compte du rendement des appareils, une puissance disponible de 10 400 kW) et une puissance normale brute de 13 470 KW (7 750 kW de puissance normale disponible).

L'arrêté préfectoral du 30 octobre 1929 autorise la mise en service de la centrale.

Elle devient propriété d'Électricité de France lors de sa création, le 8 avril 1946.

L'équipement se compose actuellement de quatre groupes associant turbine de type Francis, de la Société alsacienne de Constructions mécaniques (Belfort), et alternateur de la même société, avec excitatrice en bout d'arbre. Les alternateurs ont été re-bobinés de 1974 à 1976 par la société Laborde et Kupfer (fondée en 1922 et devenue en 2007 Transformateurs Solutions Vénissieux SA). La puissance totale installée est de 10,4 MW. La tension est élevée de 5 500 à 63 000 volts grâce à un transformateur que la société Réseau de Transport d'Électricité (RTE), fondée le 1er juillet 2000, a installé à l'est de l'usine.

Le site est le siège du Groupement Doubs du Groupe d'Exploitation hydraulique Jura-Bourgogne - UP Est, qui gère sur le Doubs le barrage et la centrale du Refrain, celle de Vaufrey et le barrage de Grosbois en amont, et en aval les centrales de Dampjoux et de la Prétière. Il est fort d'une douzaine d'agents, chargés de la maintenance des installations.

Les portes de visites conservées

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Galerie de visite à Soulce-Cernay

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Entrée galerie de visite sous Grosse Roche

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Galerie de visite à l'Est du camping de Saint-Hippolyte

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Accès à la chambre de mise en charge au dessus de la centrale électrique

 

Géologie

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Carte géologique harmonisée avec fond IGN.

 Bibliographie & liens Internet

 https://patrimoine.bourgognefranchecomte.fr/dossiers-inventaire/centrale-hydroelectrique-de-liebvillers-ia25001121

 La Houille Blanche, éditions B. Arthaud, N°215, 1928, pages 161 à 168

https://www.shf-lhb.org/articles/lhb/pdf/1928/06/lhb1928028.pdf

 La Houille Blanche, éditions B. Arthaud, N°216, 1929, pages 1 à 10

https://www.shf-lhb.org/articles/lhb/pdf/1929/01/lhb1929001.pdf

 http://infoterre.brgm.fr

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